Les enfants face au présent

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Le texte qui suit concerne les enfants, les familles et les adultes qui connaissent un temps de confinement ordinaire, c’est-à-dire sans être malades ou en péril, sans carences, sans maltraitances, sans être soumis à des conditions extrêmes.

Le présent est omniprésent.
Les semaines précédant le 16 mars sont déjà lointaines et l’avenir est représenté plutôt comme la caverne des horreurs que le bout du tunnel…

Les adultes, porteurs de la société et de l’économie, sont réduits à un état qu’on pourrait définir d’infantile dans le sens où il est marqué par le retour à un état d’obéissance et de permissions, de règles et de transgressions… Mère Macron dira d’ailleurs qu’ils sont plutôt sages…
Ce qui rend la condition du confinement (la seule possible pour l’instant) de plus en plus insupportable est le fait de ne pas savoir ce qu’en suivra.
Les hypothèses et les prédictions s’accumulent et par leurs désaccords elles s’annulent.
Toute possibilité de contrôle sur l’avenir, les projets et les investissements (affectifs, professionnels, financiers etc.) a été gommée des agendas individuels.
Les gens sont confinés avant tout dans le présent, seul temps certain.
En effet, la nostalgie du passé et la pensée de l’avenir sont devenues deux temporalités suspendues, moins concrètes et moins atteignables.

Les enfants très jeunes tout comme ceux qui grandissent de plus en plus rapidement notamment au travers des apprentissages scolaires vivent essentiellement le temps présent. C’est leur mode de vie en quelque sorte, le seul mode dont ils disposent.
Pour eux « hier » est le temps des souvenirs principalement agréables et « demain » est le temps des envies et des désirs à assouvir (la fête d’anniversaire, la fête de l’école, le fameux Père Noël…). Les enfants ont une capacité impressionnante de refouler le mauvais et se contentent de participer activement à ce qu’ils vivent à l’instant T.

Ainsi, comment vivent-ils ce temps inédit de la pandémie et du confinement qui s’érige en défense de celle-ci ?
Nous pouvons émettre l’hypothèse qu’ils le vivent essentiellement au travers de leurs parents, c’est-à-dire au travers de ce que les parents leur expliquent, ce à quoi ils les exposent mais aussi ce que les parents ressentent et véhiculent.
Les affects éprouvés par les enfants ne sont pas seulement en miroir des affects parentaux, les enfants sont des individus à part entière avec leurs propres ressources et leurs capacités de traitement des situations.
Pourtant, la possibilité de se sentir rassurés par les parents et pour les parents est un élément précieux de leur vécu actuel.

Pour les enfants la possibilité de vivre sans trop se préoccuper de ce qui se passe en dehors de chez eux repose sur le fait d’observer et ressentir leurs parents comme étant suffisamment bien.
Cette condition leur permet de jouer, de s’occuper, de s’ennuyer, de se disputer avec la fratrie, de vivre leurs frustrations « en toute tranquillité».
Cela comporte une très grande responsabilité pour les parents, qui ne peuvent plus compter sur le relais du corps professoral, celui des autres membres de la famille, sur l’extérieur en somme. Une responsabilité majorée puisqu’elle ne peut pas connaître le temps de l’absence.
En temps normal, l’alternance des temps de présence et d’absence auprès des enfants autorise les parents à mettre de côté (sans jamais oublier) cette fonction pour en investir d’autres, notamment celle en lien avec l’engagement professionnel.

Le tout en même temps comporte pour les parents des ajustements auxquels ils ne sont pas soumis habituellement.
Ainsi, les parents se trouvent contraints à « mettre de coté » leurs enfants alors qu’ils sont en présence de ceux-ci. Pour travailler, pour s’informer, pour discuter, pour penser et pour osciller dans leurs ressentis.
Quant à eux les enfants ne vivent pas cela comme un abandon. D’ailleurs le processus de séparation est une affaire qui se présente, dans les majorités des cas, à l’entrée à la crèche ou à l’école maternelle. Les enfants qui vont suffisamment bien savent et sentent que les parents qui s’absentent ne les abandonnent pas.
Si cela est vrai en temps normal, il n’en est pas moins en temps de confinement.

Les enfants sont bien plus sereins que les adultes dans le contexte actuel, lorsqu’ils sont suffisamment bien entourés et protégés par leurs parents.
Les capacités de se représenter une pandémie, une récession économique, une fermeture des frontières et cetera sont moindres et pour les plus jeunes nulles. Une fois en école élémentaire ils posent des questions, ils cherchent à comprendre pourquoi autant des gens décèdent, pourquoi l’école est fermée et pourquoi ils ne peuvent pas aller chez les grands-parents, mais la réponse tempérée des parents suffit à ne pas générer les pensées obsédantes dont les adultes ne sont pas épargnés.
Cette limite et à fortiori l’impuissance d’agir (qui résonnent comme paradoxal pour les adultes) les protègent et leur permettent de rester ce qu’ils sont : des enfants.
Tant que leurs proches, leur « petit monde », vivent ce présent chaotique, angoissant et déprimant sans affronts majeurs et dans un équilibre malgré tout préservé, les enfants vivent sereinement. Ce qui appartient aux adultes n’appartient pas aux enfants.

Il est possible que l’après-coup laissera des traces en eux aussi, des interrogations, des préoccupations mais leur outil pour les traiter reposera encore sur ce qu’ils sont capables de vivre, à savoir leur présent.

Au vu de toutes ces différences, finalement les adultes sont plus fragilisés et parfois plus désarmés que leurs successeurs...


Véronica Olivieri-Daniel

Véronica Olivieri-Daniel est psychologue à Paris 16

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